Le collège Notre-Dame de Bayonne a publié sur son site un article au sujet de la crèche de l’église Saint Jean-Baptiste de Saint Jean de Luz. Nous remercions sa direction qui nous permet de le publier ici.
Une des plus belles crèches du Pays basque se trouve dans l’église St Jean-Baptiste à St-Jean-de-Luz depuis 1935. C’est le célèbre artiste peintre Ramiro Arrue (1892-1971) qui dessina les personnages à la demande de Mme de Parseval dont la fille représentée en bergère adorant à genoux souffrait de tuberculose et regrettait de ne pas voir de crèche dans l’église. A la mort de cette fille, à l’âge de vingt ans, Mme de Parseval offrit la crèche à l’église.
Source : L’église de St-Jean-de-Luz, Marie-Claire Elissalt, Ondarea, 2006.
Pour le Jubilé de l’an 2000, à la demande de l’abbé François Gaztambide, alors curé de St-Jean-de-Luz, les rois mages furent sculptés par Alain Dumas, artiste français installé dans le Puy-de-Dôme, pour compléter la scène.
Source : revue Denak Argian de Pâques 2001, p. 8.
St-Jean-de-Luz, une belle œuvre d’art religieux
Dans toutes nos églises, la piété populaire érige pour la fête de Noël, des crèches qui figurent avec une naïveté souvent touchante, le mystère de la nativité.
A l’occasion de cette fête, l’église paroissiale de Saint-Jean-de-Luz vient d’être enrichie d’une crèche originale, don anonyme d’une dame en mémoire d’une jeune fille de la paroisse prématurément disparue.
Conçue dans la manière de nos anciens imagiers et sculpteurs sur bois, cette œuvre d’art religieux est vraiment belle et par sa conception et par sa réalisation artistique. Sobre de détails, elle groupe autour du berceau de l’enfant Jésus, la Sainte Vierge, Saint Joseph et deux pâtres, auxquels, à l’exemple des primitifs qui faisaient figurer dans leurs œuvres une image des donateurs, l’artiste a ajouté une fille agenouillée, évocation émouvante de celle dont le souvenir provoqua la donation de cette crèche.
De cet ensemble harmonieusement équilibré, se dégage un sentiment religieux profond. Auprès du panier d’osier, dans lequel sourit l’enfant Jésus, la Sainte Vierge à genoux, élève les mains tendues dans un geste d’adoration et d’amour merveilleusement rendu. Auprès d’elle, Saint Joseph debout, dans une pose méditative et recueillie, semble s’affirmer déjà le gardien de la Sainte-Famille. Le berger et la bergère debout, la tête inclinée, témoignent par leurs gestes et leur attitude de leur vénération mêlée d’étonnement admiratif. Une heureuse inspiration de l’artiste les a revêtus du costume des paysans de la Navarre, rappelant ainsi que cette œuvre de piété et de foi fut exécutée en Pays basque, et pour une église basque. Ces statues, en demi-grandeur, se détachent sur un bas-relief servant de fond, figurant une porte surmontée de l’étoile, ainsi que le bœuf et l’âne de la tradition.
C’est à Ramiro Arrue, le peintre basque, qu’est due l’idée et la composition de cette œuvre ; il donne ici une preuve nouvelle du remarquable talent que tout le monde se plaît à lui reconnaître. La sculpture sur bois est de Lucien Danglade, le maître sculpteur, qui fait honneur à notre ville. M. Bordenave, chargé de la peinture et de la dorure, est arrivé, par le ton discret des chairs, et la belle patine de la dorure, à harmoniser l’ensemble avec le magnifique retable qui est l’orgueil de notre église.
De la collaboration de ces trois artistes est sortie une œuvre de caractère religieux en ce sens que, sobre de détails, elle concentre la pensée sur la scène pieuse dont elle est la figuration matérielle.
D’aucuns, qui ne conçoivent la crèche qu’au lieu des enjolivements qu’y apportèrent d’anciens usages, seront peut-être déçus par la magnifique sobriété de cette œuvre. Il n’en reste pas moins que par la pensée qui inspira sa composition, de même que par sa réalisation matérielle et picturale, cette crèche est un magnifique spécimen d’art religieux, et comme tel, digne de figurer dans notre vieille église, à côté de belles sculptures sur bois que nous légua le passé.
Aux trois artistes qui collaborèrent à cette belle œuvre, nous adressons nos plus chaudes félicitations.
Article paru le 31 décembre 1935 dans La Petite Gironde
Cet article peut se lire en entier aux pages 284 et 285 du catalogue « Ramiro Arrue 1892-1971 Un artiste basque dans les collections publiques françaises », Olivier Ribeton, 1991, J&D éditions.
Merci à M. Olivier Ribeton pour son aide.